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ROBERT DOISNEAU

GRAVITÉS

Dôme de La Grave
Rue du Pont Saint-Pierre, 31300 Toulouse
Du 9 au 29 septembre 2024

Robert Doisneau (1912-1994) est l’un des photographes français les plus populaires d’après-guerre. Né à Gentilly, il étudie les Arts graphiques à l’école Estienne et obtient son diplôme de graveur et de lithographe en 1929. Un an plus tard, il rejoint l’Atelier Ullmann en tant que photographe publicitaire.

En 1932, il vend son premier reportage photographique, qui est diffusé dans l’Excelsior.
En 1934, le constructeur automobile Renault, de Boulogne-Billancourt, l’embauche comme photographe industriel. Il restera chez Renault jusqu’à 1939. Robert Doisneau devient alors photographe indépendant. 

Après la guerre, Il réalise de nombreux reportages photographiques sur des sujets très divers : l’actualité parisienne, le Paris populaire, des sujets sur la province ou l’étranger (URSS, États-Unis, Yougoslavie, entre autres). Certains de ses reportages paraîtront dans des magazines comme Life, Paris Match, Réalités, Point de Vue, Regards, etc.

Texte de Robert Doisneau extrait de « L’imparfait de l’objectif » 

Les fumées des usines 

En réalité, j’ai cédé à la facilité. Il est plus plaisant de ramasser des fleurettes que de faire des pâtés avec du mâchefer. Manque de conviction, manque de volonté car il m’en aurait fallu, de la volonté, pour forcer les barrages derrière lesquels on camoufle les conditions de vie des travailleurs. J’entends bien : tout le monde travaille ou presque, mais je pense aux mouilleurs de chemise, à ceux qui sont près du feu ou qui vont au charbon, et à tous ceux qui se font posséder par l’orgueil de faire un métier dangereux. Si, au lieu de donner dans le badin, j’avais mis ma patience au service de cette cause, aujourd’hui je pourrais être gonflé d’importance. La formation technique, je la possédais probablement mieux que la plupart de mes confrères, ce qui aggrave mon cas. Je ne peux me retrancher derrière l’ignorance car, après mon expérience Renault, j’ai eu souvent l’occasion de revenir dans ces lieux où les hommes purgent leur peine. Parfois un jour ou deux, rarement toute une semaine, chaque fois comme un visiteur pressé par les délais, en spectateur qui regarde passer les cyclistes des chantiers de Saint- Nazaire, que l’on introduit dans les dortoirs des dépôts de la SNCF, qui se fait expulser des forteresses des petits pois en conserve ou, un peu plus haut dans l’Hexagone, qui a vu les corons et les cars de CRS croisant dans la nuit les cars transportant les mineurs. Et quoi encore… les femmes des filatures et les entrailles gluantes des usines chimiques, pas fameuses pour la santé.